
Malika Fassi Fihri
Architecte DE




MOUVEMENTS AMBULANTS
Du matin au soir, le phénomène des marchands ambulants anime les rues de la ville. À travers leurs pratiques, ils redéfinissent et tissent des liens entre les quartiers. Ils produisent la ville et modifient l’espace, en construisant un nouveau territoire grâce à leurs déplacements.
Le système de relations que constitue l’ambulantage m’aura permis d’analyser les relations entre commerce, mobilités urbaines et espace public.
C’est dans l’espace mais aussi dans le temps que les vendeurs vont trouver les éléments leur permettant de participer aux processus dominants. Se fixant dans les marges et interstices de la mobilité, ils marquent le lieu de rencontre, à la croisée de la mobilité du client, et de celle du marchand. En observant les manières individuelles de pratiquer la ville, les vendeurs ambulants dégagent de nouveaux modes de penser le territoire. Ainsi, certaines zones vont constituer de nouveaux espaces de commerce «hors-les-murs», dont l’appropriation spatiale, bien que provisoire voir aléatoire, va constituer des lieux d’échange et revitaliser des «espaces vides», comme ils les appellent souvent. Ils révèlent finalement un potentiel urbain existant.
Les lieux et itinéraires ambulants contribuent à produire différentes modalités d’accès à l’espace urbain, modalités à travers lesquelles la société se régule à des niveaux micro-sociaux. Tout en étant hétérogènes, les trajectoires citadines utilisent les éléments de la ville : organisation des lieux, repères, modes de circulation, conditions sociales, horaires, etc.
Les ambulants travaillent à ces différentes échelles et s’inscrivent dans différents processus de territorialisation.
Il est légitime de considérer ces dynamiques marchandes comme le ferment de transformations urbaines et sociétales ou, en tous cas, pouvant répondre aux attentes et aux aspirations des populations urbaines en quête de nouvelles civilités.
Les commerces et les pratiques de consommation générés par les ambulants proposent quelque chose de social et symbolique. En offrant un nouveau type de consommation culturelle, consommation «à la carte» dans la ville, on passe de relations ancrées (boutiques) à des relations élargies aux autres espaces urbains. Ils touchent toute la ville.
Casablanca, l'entre-ville
Atlas sur "Le paysage mondial des villes".
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